1er atelier photo dans le petit village de Nudo, recouvert de neige à cette époque de l’année et coincé au fond d’une vallée que surplombent les imposantes montagnes noires du Monténégro. Le village -150 habitants-, est essentiellement composé de paysans, d’éleveurs et de viticulteurs qui produisent un vin dont nous nous sommes délectés et de rakia -eau de vie- qu’il nous a fallu ingurgiter en serrant les dents, bien souvent dès le petit déjeuner. Mais là n’est pas la raison de notre premier atelier. Nous avons tout spécialement choisi Nudo pour sa proximité avec la très récente frontière bosniaque, proche de quelques centaines de mètres seulement, et parce que nous sommes en terre Kujacic, là d’où est originaire mon ami Vasco.
Apres avoir fait choux blanc en Italie en raison de la réticence, tantôt des proviseurs, tantôt du conseil des parents d’élèves pour qui Internet est source de suspicion, le projet a été merveilleusement accueilli et nous avons été impressionnés par l’enthousiasme et le sérieux avec lesquels les enfants ont entrepris leurs missions. De leurs témoignages photographiques, il ressort clairement la volonté de transmettre aux autres enfants du monde leur quotidien, leur histoire et leur façon simple et sincère de vivre leur monde. A la différence de notre expérience à Paris ou l’on questionnait beaucoup sur le pourquoi de notre démarche, ils ont vécu notre présence comme un jeu, ont pris très facilement en main les appareils et ont shooté sans relâche toute une journée, nous rapportant parfois plus de 100 clichés chacun.
L’école comprend 21 enfants de 5 à 14 ans et est animée par une équipe de professeurs, certains venant de Niksic à plus de 60km de là, de l’autre coté de la montagne, soit 4 postes de frontières plus loin. Dans une école aux liens resserrés, nous avons été surpris de voir les plus grands assister les plus petits dans leur démarche photographique ; les missions étaient bien souvent collectives ou familiales et il n’était pas rare de voir des groupes de 3 ou 4 enfants discuter, proposer, essayer et mettre en scène leur sujet avant de prendre une première photo. Impossible également de les cantonner à photographier ; les appareils sont revenus dans nos mains reconfigurés avec des paramètres très souvent modifiés.
Des missions qu’ils ont sans doute le mieux réussies d’un point de vue photographique, leur culture monténégrine est omniprésente. On y retrouve également la volonté de se présenter dans leur environnement : les montagnes, les sources naturelles, la famille et l’attachement à leur terre et à leurs proches.
Apres une projection de leur meilleurs travaux, nous avons fêté et bien arrosé cet exercice dans la salle des professeurs avec des truites grillées sur un BBQ de fortune, directement dans la cours. Et pour être très honnête, ce ne sont pas les élèves qu’il nous a fallu canaliser lors de cette ultime présentation, mais bien leurs parents désireux eux aussi de pouvoir shooter et conserver en souvenir ce et ceux qui leur sont chers. Nul doute qu’ils ont lancé, par cette première expérience hors de France et parce qu’ils étaient habités par l’interculturalité de cet exercice, le projet Step by Steppe.