Sur le ferry qui fend la Caspienne, le capitaine nous prend sous son aile. Nous voir soupçonnés d’espionnage l’amuse beaucoup et il tient à singulariser son pays et son peuple des réflexes fumeux de son voisin turkmène. Dans le poste de pilotage, entre règle de Cras et table à carte, nous buvons le thé et devisons sur nos vies respectives : mariage, service militaire, religion, identité. L’homme est éduqué, a parcouru le monde, de Monaco à Madras, sur tous types de raffiots. Plus tard, dans sa cabine, sur une table crasseuse et graffitée au canif, un exemplaire de Realny Azerbaïdjan, l’un des 2 journaux d’opposition qui vient de fermer suite à la condamnation de leurs dirigeants. Le régime se durcit. Un poète contestataire se retrouve inculpé pour possession d’héroïne qu’on a probablement glissé dans sa poche lors de son arrestation.